Texte écrit par Beñat Oyharçabal, 2013

C'est grâce à la prudence et la sagesse de quelques érudits (notamment A. d'Abbadie, G. Hérelle, J. Vinson, W. Webster) que la plupart des manuscrits anciens qui nous sont parvenus ont été préservés, en nombre relativement important dans le contexte de la littérature basque, et à plus forte raison souletine, puisque Hérelle les évaluait à environ deux cents.

En effet, ces spécialistes, conscients du danger qui menaçaient ce patrimoine, acquirent ces manuscrits pour les déposer dans des bibliothèques publiques, principalement, à la Médiathèque de Bayonne, la Bibliothèque municipale de Bordeaux et la Bibliothèque nationale de France à Paris (entre les deux guerres, la Bibliothèque du Musée Basque reçut également un important dépôt de manuscrits, confiés par Mme Campan-Latsague, petite fille d'un régent du XIXème siècle, puis plus tard un autre de Mme Malartic). Aujourd'hui, grâce aux progrès techniques qui bouleversent le monde de la documentation, il est possible d'en offrir des copies numérisées accessibles à chacun, sans que les documents eux-mêmes aient à souffrir de cette diffusion.

Bien sûr, il existe également dans certaines maisons souletines des cahiers de pastorales anciennes. Lorsque les propriétaires sont conscients de la valeur patrimoniale de ces cahiers, ils veillent à leur préservation. Mais, ces manuscrits restent alors difficilement accessibles, et il est à espérer que, dans leur cas également, la numérisation permettra leur divulgation, sans que leur bonne conservation soit pour autant empêchée. Cela est par exemple le cas des cahiers appartenant à une bibliothèque privée, dont le propriétaire a accepté qu'ils fussent numérisés et rendus accessibles sur ce site.

Lorsqu'à l'inverse les propriétaires ignorent la valeur de ces cahiers, ou bien même leur existence, il est fort à craindre, que les manuscrits soient en grand danger de disparition définitive, comme cela a dû être le cas pour des dizaines de cahiers au cours des décennies passées. Déjà au milieu du XIXème siècle, W. Webster, folkloriste anglais qui fut l'un des premiers à avoir attiré l'attention sur le théâtre souletin, assurait qu'en une douzaine d'années entre 1864 et 1877, il avait personnellement été le témoin de la disparition de deux collections, l'une, fort importante, dissipée, et l'autre brûlée par la fille, héritière du régent qui en était le possesseur. On sait également que l'une des familles de pastoraliers des plus connues au XXème siècle, celles des Heguiaphal, perdit une quarantaine de cahiers lors de l'incendie de leur maison à Chéraute en 1898.

Des pertes ont également été constatées lorsque les collections avaient été acquises et conservées par des érudits. C'est ce qui est advenu par exemple, selon les conclusions de l'enquête menée à ce sujet par G. Hérelle, au manuscrit de Clovis, acquis par un inspecteur général des archives et des bibliothèques du XIXème siècle, J-A. Buchon, lors d'un passage en Soule où il put assister à une représentation des Trois Martyrs à Sainte-Engrâce en 1839. Ce spécialiste estimait que le manuscrit qu'il avait acquis auprès de l'un des plus réputés régents de ce temps, Saffores à Tardets, datait de l'an 1500, datation peu vraisemblable et très suspecte qui ne peut être vérifiée et donc sérieusement retenue du fait précisément de la perte du document.

Auteur : Beñat Oyharçabal

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